Il se cale ses oreillers dans le dos, contre la planche qu'il a prévue. Il s'accroche à son livre des deux mains. Il est à peu près dans la position du pilote dans son vaisseau. Où part-il ? Il part tout simplement. Avec le temps va tout s'en va, la voie est libre, la vie défile et défie l'ennui. La voie est livre, la nuit luit et dévie l'ennui. L'ennui s'est rabattu dans un coin comme un bourron de poussière, il ne le voit plus, à la périphérie de son champ de vision. Tandis qu'il embraye pour la transhorizontale le petit crotton d'ennui cède et décède, mouron tout rond.
Le livre a posé sa joue vermeille sur le lit pendant cette inattention d'Il qui se laisser conduire où bon lui semble et chacun parti de son côté, le livre joue vert pomme tranche rose tombé comme un fruit, Il parti à écrire effeuillé dans la brise. Attablé maintenant avec Vian (Boris) écrivant l'écume des jours tandis que la bougie de Proust vacille, dorée, l'endormant dans son lit carnet ouvert le crayon abandonné. L'écume des jours revient sur la plage la nuit, tandis que des jeunes filles, des vagabonds passent, des écureuils, des rats viennent au mariage, se défaire de leurs crottes, ce qu'il ramasse sans le savoir, dans une petite boîte.
Ce matin pour la première fois Ahmed le balayeur trottoirs avait un souffleur soufflant à la main qu'il dirigeait sur la populace des feuilles sans arbre pour les refouler contre les murs où peut-être il allait les entasser et les fourrer dans sa petite carriole poubelle. Il ne le salue pas le voyant trop affairé. Jamais ils ne se parlent mais ils échangent un bon sourire poli, quand ils peuvent. Ahmed une combinaison jaune fluo et un visage pâle usé, un balai de fagot et une longue pince à déchets.
Le livre respire, jour et nuit, qu'on le lise ou non, il respire de toutes ces vies de mots qu'il contient et qu'il laisse s'égayer discrètement quand tout est tranquille. Il (Il) le reprend dans ses mains et sent qu'il est tiède, avant de l'ouvrir pour entrer en conversation. Comme avec son ami Diego quand ils se donnent rendez-vous au Central pour boire un verre.
En exergue, Pablo Picasso, liseuse
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