Monsieur Nuit qui n'est pas loin, qui accompagne son compère à la rivière comme deux générations plus tôt lorsqu'ils étaient bœufs il l'accompagnait aux labours, apparaît dans son beau costume noir portant pochette d'où sort un fouillis blanc de papiers imprimés. Il se tient droit, en harmonie avec la svelte silhouette de son ami en costume gris.
Et puis Croawk ! le bruit le plus discordant, le plus soudain qui se puisse entendre, et c'est la nuit totale. Un instant comme dans une explosion tout disparaît.
Au temps pour moi ! fait monsieur Temps. Et tout se remet en place, plus neuf, plus brillant.
C'est là qu'ils viennent chercher les histoires cachées les unes sous les autres. En choisissant une, ou sans l'avoir choisie, se retrouvant inscrit, glissé à la pointe d'un crayon qui bouge frénétiquement comme un ver, ou la pointe d'une antenne frémissant d'ondulations, la rivière elle-même entraînant sa pitance capturée au hasard de la pente.
Monsieur Nuit aussi va dans la pente, qu'il précipite, creuse, bouleverse de ses plongeons et de ses failles, de ses entassements torrentueux. Monsieur Temps est une libellule au-dessus de cela. Tous deux ne sont autres que des dieux, enfants du lit de la rivière. Ils ne se cachent pas. On les voit dans l'impatience de la couleur, la ligne secrète du dessin.
Un instant toutes les histoires des Van Gogh sont ici déployées, quand Johanna, leur veuve, leur redonne cours.
Madhe Ghat Waterfall, Pune, Maharashtra, India (© RBB / Moment / Getty Images)
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