Polyphonie


 

Suis sorti avec mon carnet voir si les mots ont quelque chose à me dire, et sentir le soleil (besoin de sens, besoin de chaleur). J'ai été vite comblé : tout est parlant, tout est affairé, rien qui ne participe au mouvement, c'est sens et diversité à profusion. Le soleil comble lui aussi, l'attention qui renonce à tout saisir se laisse attirer par sa masse unifiante, chaleureuse, c'est en elle que tout baigne. Discours la gigantesque polyphonie, à laquelle vient s'ajouter la jouissance du vent, tiède, les bourrades stimulantes. L'animal humain sent comme depuis tout petit il a été stimulé, mis au centre, accueilli par tout ce qui parle, ce qui touche, se montre, sourit, appelle, caresse, bouscule, nourrit. Il l'a senti et cela est définitivement ancré au corps de lui, et resurgit, parfois, en besoin pressant. Tout cela qui lui a peut-être été souvent retiré, mesuré, contesté. Mais tout est là, disponible pour lui. Il le sent si bien, devenu vieux.

Collage de Marie Hubert

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