Je travaille une étude en arpèges de do majeur et sol majeur, monsieur Temps n'est pas derrière moi, je me contrôle, je m'encourage et je finis par m'en sortir. Je sens que cet exercice si simple même s'il est assez joli n'a qu'une place parfaitement ridicule dans l'ordre des capacités d'un individu. Mais c'est bien autre chose. Le bonheur qui m'envahit (derrière la sensation de mise en place à peu près correcte d'un exercice, d'un jalon posé, de l'aboutissement d'un effort d'attention) est tout empli de couleur, de chaleur qui me dépassent, et en réalité c'est bien le monde de monsieur Temps qui m'est déjà donné.
Monsieur Temps, je le défendrais bec et ongles si on me l'attaquais — dans l'ordre de la fiction, bien entendu, car il n'est monsieur Temps que pour moi, il n'est pas transposable sur les champs de bataille. Il est, étrangement, l'un des noms que je porte. Il a ses lieux chez moi, il entre et sort à sa guise. Il est l'un de mes héros.
Peinture de Bengt Lindström, 1985
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