Après mon passage par la rivière — bistre, comme toujours, c'est le mot du journal où, enfant, il fallait faire apparaître les couleurs selon leur nom représenté par un n° dans l'image de leur tracé ; de tous les mots, bistre était le plus beau, le seul inconnu, le seul irreprésenté dans la nature ; c'est sa couleur quand elle passe ce matin, plus large que jamais, plus débordante, plus inconnue et plus silencieuse que jamais ; elle qui serait au cœur du livre s'il y avait un livre, qui embarque le monde s'il y a un monde, lui donne les naissances et les morts — je retrouve mes bœufs, que j'aurais pu appeler Tradition orale et Tradition écrite, ou Jazz et Classique, ou simplement Noir et Blanc, selon l'humeur du moment, selon le beau ou le mauvais temps. Mais je les préfère en couleurs, dit leur mère. Quand elle le dit je me sens bien. Je me sens une boule d'argile dans ses mains. Une nation arc-en-ciel pour Marlene Dumas et Nelson Mandela — ceux qui sont nés d'arc-en-ciel.
J'ai fait un très beau rêve en rentrant sur la route, cette nuit, ou ce matin. Il y avait une femme et un homme, une grosse caméra, mon pantalon qui tombait quand je levais les bras pour leur parler. Nous avions tant à nous dire. Et c'était chaleureux. Et même voluptueux.
Portrait of a Young Nelson Mandela, by Marlene Dumas
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