O Boris


 

Je dors la tête dans mes bras, sur la table. Puis je me bouge. Je fais ce qu'il y a à faire. Je dois m'insérer, encore et encore. Aller où j'ai refusé. Avancer où j'ai reculé. Je dois donner raison à mon grand-père, à sa prédiction. M'accorder et lui accorder sa raison de vivre, pour travailler, et à l'inverse pour vivre, sa raison de travailler. Je me bouge, je vais. Pourquoi que je vis. Pourquoi que je vis.
Comment mettre ce corps, cette jambe, dans quel ensemble. Ensemble dans quel autre corps. À cheval. À cheval. C'est reparti. Je vais au piano. Je tâtonne, j'assouplis mes doigts, j'arrive à les faire travailler, leur faire porter chacun sa note, chacun son temps. Pour rester relié. Pour m'insérer. Pour m'insérer. Peu à peu dans la musique, par instants. Pour rester relié. J'ai besoin de monsieur Nuit. Pas seulement de ses mots, mais de la vase, du bouillon, de toute cette m., pour rester poli, qui l'entoure, qui fait le liant, dans quoi ça baigne.

Pierre Boncompain, tapisserie, Nu à la rivière

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