Sous l'œil clos de monsieur Temps

Il y a les représentations et puis il y a le corps qui s'éprouve — grenouille ce matin.
Et la lune se peint croissant doré dans l'aube bleue, une tranche de coquille flottant, presque à terre. Puis une longue traînée de rose comme une langue sans fin, une langue de rose vient s'étirer dans le courant et la recouvre par transparence, puis la libère. D'autres langue roses s'étirent, un peu déformées en gros bouillons au sommet du ciel.
Un oiseau silencieux vient sur le coin du toit, observer, se toiletter, se dessiner en noir. On entend les premiers sifflets, roulés pointus, courtes aiguillées, les nappes roses jaunissent dans le ciel. Bleu devenu radieux. Corps allongé maintenant pour écrire.
Les longues nappes roses, puis jaune clair, sont maintenant de longs nuages blancs lumineux immobiles se défaisant peu à peu sans un souffle de vent apparent. Les silhouettes des oiseaux noirs se détachent sur les toits, petits, gros, comme des gouttes, des fuseaux, des virgules, des arbustes, s'ébrouent, se déploient, se roulent en boule, prennent l'envol.

Céramique de Pierre Boncompain


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