Coups de ciseaux

Il faut attendre la nuit pour savoir qu'on étouffe dans nos camps, quadrillés et découpés dans tous les sens depuis 1984

animaux parqués à qui on donne en pâture des listes de mots battus au hasard comme des cartes et recoupées plusieurs fois

ne signifiant toujours rien dans les yeux ébahis d'une passante lambda révoltée par ce jeu stupide quand autour de nous les enfants, notre enfant, les femmes et les hommes, nous,

 

les chiffres et les nombres

entre stigmatisé et choisi au hasard

deux modes de calcul

ce n'est pas pareil, toi et moi,

 

 

 

pendant un temps les journalistes ont été écoutés, soutenus, respectés, pleurés, on s'est mobilisé, cotisé, dérangé, on a manifesté, protesté, écrit,

on ne les a pas ressuscités, ni libérés de leurs prisons, ni soustraits à leurs tortures. Pas tous. On les a remplacés. Sans les oublier on a dû les oublier.

 

 

 

 Maintenant on ne les écoute plus, on ne les lit plus, on regarde la télé qui est faite sans eux toujours aussi efficacement pour nous faire entrer en conflit, nous faire adhérer, nous faire haïr, nous faire juger.

Bientôt sans chercher à comprendre nous sortirons les poings et puis nous ouvrirons le feu sans sommation, nous tuerons tout ce qui bouge, pour nous protéger, ce sera la fin, il y aura peut-être des survivants, comment le savoir ?


Collages Marie Hubert, texte René Thibaud, 2024

 


 

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