Monsieur Nuit s'est glissé dans le grand cèdre aujourd'hui. Il n'y a pas un souffle d'air mais on voit sa respiration qui le baigne très doucement de soleil et caresse son tronc noir veiné de gris.
J'imagine monsieur Nuit fouillant avec dextérité la chevelure profonde de l'arbre qui ne frémit pas, concoctant des résines au goût de musc ou de café qui empliront le sens des mots et des désirs.
Un oiseau bouge sur une branche, un autre décolle en une longue courbe qui va le percher gracieusement sur une antenne, sa petite tête fière sur son pourpoint noir fuselé. Il déploie l'éventail de ses plumes caudales à intervalles réguliers, comme le refrain d'une chanson. Invisible, un corbeau donne de la voix. Monsieur Nuit est largement endormi.
L'arbre, mais ce n'est pas seulement l'arbre qui respire, c'est toute l'immensité autour des humains affairés.
Peinture, Georges Braque
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