Le bon pas du matin me mène à la rivière. Je vois la ville comme un boulevard solide devant moi. Le pont enjambe le cours d'eau. Il ne lui faut pas moins de quatre jambes pour le traverser, et les miennes, par-dessus, activent sans compter les compas de leur arpentage, je suis un corps animé de l'urbaine carapace. Je vois la large eau gris-vert qui croise en dessous, elle n'a pas besoin de jambes pour courir. Elle n'a pas besoin de courir pour aller aussi vite qu'elle veut. C'est la ville qui fait des tours et des édifices autour d'elle, envieuse, fascinée, captatrice, entreprenante, ingénieuse. Toujours nous avons joué à l'eau, avec du bois, des bateaux, des tuyaux, avec une paille, avec un verre. Un verre d'eau. Pour la vie.
Peinture, Albert Marquet, La voile rouge
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