Au bout de deux jours et deux nuits de tâtonnements, de piétinements, de pas chassés en bégaiements, je finis par revoir monsieur Temps.
Le jour se levait, brumeux, quand j'aperçus sa grande silhouette debout qui balançait un bras puis l'autre puis les deux qui se dissociaient, multipliaient les directions, se divisaient en segments dans une danse compliquée qui animait l'espace d'un continuel étonnement, d'une fascination tranquille envahissante.
La brume s'éparpillait, le jour doré s'était levé. J'avais reconnu monsieur Temps. Il ne cherchait pas à se cacher mais je le voyais disparaître d'un arbre pour le retrouver sur un toit puis dans un nuage. Il était en parfaite harmonie avec l'espace. Leur accord est une céleste symphonie. Ce sont des dieux.
Mais ils sont aussi parfaitement matériels et humains. Ce sont les grandes orgues, les musiciens, c'est aussi la flûte, c'est la mer, la forêt et l'oiseau.
C'est moi, me pris-je à comprendre, qui suis mal coordonné, et si peu éduqué. Je me levai. Car j'écrivais au lit, comme Proust. Mais c'était pour pouvoir courir et danser dans le monde.
Dessin d'Alberto Giacometti
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