Le journal ou l'argile que la rivière prend et reprend dans ses mains et façonne, ou aide à se façonner, pressant, maintenant, relâchant, serrant ici ou là ; les mots qui passent comme un corps, une mélodie, comme un fluide que l'on ne connaît pas d'avance ; un enfant qui sortira d'une mère. Mettre au monde un journal c'est peu de chose pour une rivière, ce n'est qu'un fantasme né de mon échec à écrire chaque jour ses couleurs, ses nuances différentes. Ce n'est qu'un rayon de soleil qui se pose un court moment sur un mur, une saison dans un arbre ou dans une prairie.
C'est un pot, c'est une cruche, ce que nous fabriquons avec l'eau et la terre, à peine différent de ce qui vit, ou ne vit pas, façonné aussi : des matières, des sons, des mouvements, nous sommes de cette multiplicité. Dans nos mains ce fluide en circulant provoque une gamme considérable de sensations, de satisfactions, de pensées, entretient le désir, nous garde en connexion avec notre inséparable environnement, source et issue de notre présence. C'est cet état de fait que nous peignons, écrivons, réalisons en quelque manière que ce soit, c'est notre présence dans le monde. Je voulais écrire ce journal de la rivière. Un jour, elle me le prit des mains.
C'est un pot, c'est une cruche, ce que nous fabriquons avec l'eau et la terre, à peine différent de ce qui vit, ou ne vit pas, façonné aussi : des matières, des sons, des mouvements, nous sommes de cette multiplicité. Dans nos mains ce fluide en circulant provoque une gamme considérable de sensations, de satisfactions, de pensées, entretient le désir, nous garde en connexion avec notre inséparable environnement, source et issue de notre présence. C'est cet état de fait que nous peignons, écrivons, réalisons en quelque manière que ce soit, c'est notre présence dans le monde. Je voulais écrire ce journal de la rivière. Un jour, elle me le prit des mains.
Peinture de Mounira Al Sohl
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