Je reviens à John Fante, à Wait Until Spring, Bandini, sur lequel j'ai commencé à écrire.
https://enanglaisdansletexte.blogspot.com/2023/10/wait-until-spring-bandini.html
Écrire. C'est à cause de tout ce qui n'est pas dit, que l'on écrit. Et on efface. On remet dans la poche. On parle des oiseaux, de ce qu'on a ou qu'on n'a pas sous la main, devant les yeux. Comment savoir, tout ce qui a été tu. Dans votre enfance, qui rode sans cesse, à bas bruit, et qui vous a fait faire ceci ou cela, ou ne pas faire. D'où vient-il cet oiseau, me demandais-je avant de l'effacer, de le remettre dans la poche... à peine la mère, et le père, tentaient une petite sortie de leur nid de silence...
(à John Fante)
Peut-être est-ce dans tout ce qui est tu, qu'il y a tant d'humanité dans ses personnages.
Lire en anglais dans le texte. Il y a quelques années j'ai démarré ce blog. Comme un lieu secret ; encore à explorer, mais déjà mien. Comme mon île au trésor.
En regardant factuellement, comme en biographie, le trésor est arrivé un beau matin avec M. Garin, le professeur d'anglais — il a ouvert les cartes, les images, les plans, le cri des singes, les oiseaux, tout y était de l'île, ses parfums, ses couleurs et j'entrais de plain pied, la langue dans la poche de ma chemise, à même la peau. Quatre ans de bonheur dans cette exploration avec ce même capitaine, ce professeur ; dans cette floraison d'une langue investie d'une familiarité ou d'une attente qui se libérait (venue par l'air du temps, par la radio, omniprésente alors ?)
Dans la biographie du rêve, c'est autre chose ! L'île au trésor est bien là ; c'est ma mère qui offrait les livres quand nous étions petits — c'est d'elle que venait le gros des rêves, le gros de la vie — et de cela se reconstitue quelque chose... peut-être les livres que j'offre maintenant. Sa vie à elle était tellement difficile à raconter, tellement grosse, comme un Soleil, comme la Nuit, grosse de mort et de neige, de montagne et de joie et d'exil et d'amour, de foule d'amour, de foule de blessures. Ce n'est que bien plus tard dans ma vie que je prends conscience de cette anecdote des jeunes filles du village, dont elle était, secourant les parachutistes américains tombés du ciel (entendant leur langue). Mais l'après-guerre était maussade et une crainte avait fait son nid lorsque je suis venu au monde.
Les temps ne sont jamais les mêmes. Écrire pour les tisser ensemble ?
Photographie de Brigitte Célerier
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