Je n'ai pas revu les hirondelles. C'était un rituel d'adieu. Tellement différent de celui de leur arrivée, au printemps, dans l'excitation des petits cris de joie.
Elles s'étaient annoncées le soir de leur retour en septembre par des petits sons de claquettes en pizzicati peu sonores mais parfaitement reconnaissables, et la veille déjà quelques unes avaient joué en virevoltes très haut dans le ciel de l'autre côté, vers l'ouest, à croire qu'elles voulaient imiter les martinets. J'avais été intrigué par ces hirondelles plus grandes, toutes noires, dont je ne pouvais pas apercevoir de ventre blanc et peut-être ne sont-elles pas celles que j'attendais et sont-elles venues pour une autre raison faire leurs adieux ici.
On entend des cloches, insistantes, dans le soir chaud saturé de rumeurs de moteurs. Leur son plein, pénétrant est comme fruité, gavé de soleil, rebondissant au-dessus de la nappe sourde du bruit étouffant de la ville. Puis la rumeur se calme, il fait moins chaud, les bus sont moins nombreux, les gens, pour beaucoup, ont délaissé leur travail.
Peut-être existe-t-il encore un angélus, comme autrefois, que je n'avais pas remarqué.
Félix Vallotton, Paysage de Normandie, soleil couchant, 1911
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