Une lumière s'ouvre : monsieur Temps serait-il un artiste ? Une couleur nouvelle dans un tableau, qui aussitôt se répand et change l'harmonie, ouvre, bascule, dynamise l'espace autrement, comme le soleil après la pluie, comme l'orage qui survient, ou comme la nuit.
Temps, Nuit – ces présences qui ne sont monsieur que pour moi, et peut-être y en a-t-il d'autres encore – sont-ils des pères qui me guident et me protègent, qui m'attirent où je veux aller de toute la profondeur de mon désir, comme monsieur Pan joue de la flûte, comme l'inconnu que tout petit j'avais suivi, lui trouvant le visage ou la silhouette d'un oncle, conduisant sa charrette vers la lointaine et brumeuse splendeur du soleil couchant...
Si je n'ai pas fait d'autre grand voyage, si je suis toujours à celui-là, m'étant mille fois noyé dans les fleurs géantes du couchant, parfumées, labiales et tendres, femmes toujours printemps, toujours rouges de feu et de nuit, toujours bleues aériennes et dansantes, quand s'ouvre l'horizon, qui jamais ne se referme, dois-je dire, peindre ou chanter un Cantique des cantiques, à mon tour, car madame Rivière, madame Eau, glisse et court toujours, nous baignant, nous abreuvant, nous portant et transportant dans le jouir, dans le naître et le mourir, nous fondant à elle...
Pas plus que je ne me suis demandé, petit, pourquoi les artistes peignaient des femmes nues, je ne me demande maintenant où je vais, je te prends par le bras aujourd'hui, toi que je revois marchant avec moi près de l'eau, monsieur Philosophe.
Temps, Nuit – ces présences qui ne sont monsieur que pour moi, et peut-être y en a-t-il d'autres encore – sont-ils des pères qui me guident et me protègent, qui m'attirent où je veux aller de toute la profondeur de mon désir, comme monsieur Pan joue de la flûte, comme l'inconnu que tout petit j'avais suivi, lui trouvant le visage ou la silhouette d'un oncle, conduisant sa charrette vers la lointaine et brumeuse splendeur du soleil couchant...
Si je n'ai pas fait d'autre grand voyage, si je suis toujours à celui-là, m'étant mille fois noyé dans les fleurs géantes du couchant, parfumées, labiales et tendres, femmes toujours printemps, toujours rouges de feu et de nuit, toujours bleues aériennes et dansantes, quand s'ouvre l'horizon, qui jamais ne se referme, dois-je dire, peindre ou chanter un Cantique des cantiques, à mon tour, car madame Rivière, madame Eau, glisse et court toujours, nous baignant, nous abreuvant, nous portant et transportant dans le jouir, dans le naître et le mourir, nous fondant à elle...
Pas plus que je ne me suis demandé, petit, pourquoi les artistes peignaient des femmes nues, je ne me demande maintenant où je vais, je te prends par le bras aujourd'hui, toi que je revois marchant avec moi près de l'eau, monsieur Philosophe.
Peinture de Karel Appel
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