J'ai dans ma petite poche de poitrine un bout de papier et un crayon. Je représente le scribe. Le scribe tout seul... Celui qui a fini par se détacher de l'histoire, plus ou moins. À force de préférer ne pas, il n'appartient presque plus qu'à lui-même. Il n'est plus qu'une conquête de l'écriture.
Mais là, il n'écrit plus que pour lui-même, incapable de se lever de sa statuette d'argile. Il voudrait emporter le monde dans sa tablette. Toujours cette réticence à s'engager qui lui colle à la peau. Bref, il s'est arraché à soi. Il n'est pas rassuré. Il faut qu'il aille rencontrer la mort qui a frappé.
Stabat mater dolorosa. Il va à la marche blanche.
Plus que jamais il doit laisser passer la musique, même si elle doit les labourer.
Photographie de Thami Benkirane, Plaque rouillée sur un camion semi-remorque en partance pour Tanger, 2014
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