Le matin ils laissent les rues aux voitures, à ceux qui vont travailler. Eux, les lève-tôt, ils rasent les toits, ils se coursent dans le bleu du ciel, ils tutoient l'or du soleil. Certains crient, certains roucoulent, d'autres observent déjà, accroupi sur le toit, debout sur l'antenne, assis sur le chapeau de cheminée. Un merle siffle, enjoué, loin quelque part dans les arbres, occupé de sa mélodie du matin, les tourterelles lancent et soutiennent le chant, les éboueurs brinquebalent, un homme sifflote, les bus affluent maintenant, la rumeur s'amplifie dans les rues et domine celle du ciel. Tout se mélange, les scooters, les klaxons, ignorant le chœur des moineaux et des pinsons les réseaux de communication s'interconnectent. Je me souviens quand j'entrais dans les classes et mettais en route le grand système de la connaissance, comme dans l'orchestre sur les pupitres le grand ébrouement des partitions. Le parcours des vies, le sillonnement des migrations de toutes gravités, de tous ordres, de tout espace, de toutes durées. Et reprendre appui sur son terrain, sa feuille, son objet, sa peine ou sa joie, revenir à sa part d'ignorance, à sa petite focale chahutée par le temps.
Eugène Boudin, Ciel, 4 h. Levant
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