J'ai tiré le rideau au premier bleu du jour pour le donner au papyrus. À la cuisine, j'ai ouvert la fenêtre pour profiter de l'aubade du merle. Je vois que la barre du bonheur aujourd'hui est placée très haut.
Je trouve le titre du livre qui se fait : Journal du temps.
Je me recouche, je me rendors, je me réveille. Entre-temps je rêve, mais je ne sais quoi.
Le jour progresse, le rosé imprègne le levant maintenant.
Les petits dos des mots se mettent en route comme un troupeau de brebis – sur leurs dos je vois les lettres M et A (les initiales de leurs anciens propriétaires) – ce sont lectures qu'hier on m'a généreusement conseillées.
J'écris phrase par phrase – je pense à mon maître (il faut bien se reconnaître des maîtres) Claude Simon : "Le plus difficile est de parvenir à écrire la seconde phrase, quand on a réussi à en écrire une". Les premiers martinets commencent à crier. Je perçois des tourterelles volant à l'appui de mon toit. Je vois les martinets tout noirs dans leur nage matinale, silencieux dans l'azur limpide. J'entends aussi les voitures et mille choses commencent à se faire dans le ciel et sur terre.
L'homme au sac intestinal, l'amie qui doit venir aujourd'hui et me parlera de tous ses maux, pendant que (en psychanalystes) nous laisserons nos inconscients s'entremêler et se livrer des batailles insondables, l'amie que je verrai après-demain, sur des pincettes, puisque le corps, très âgé, semble vouloir se défaire de son âme – ou l'inverse – en tous cas douloureusement sous l’œil de notre joie commune, lumineuse. Elle me dira des mots frais et enchanteurs, des mots intelligents comme il en vient aux enfants. Elle me permettra aussi de garder mon enfance. Journal du temps, au bout de mon crayon tu couds ensemble futur, passé et présent, tu es comme la dentelière de Vermeer, un filet écarlate enlumine ton tableau – dessine le chant du merle, le gloussement des tourterelles ; tout ce qui vit dans le vaste instant tu l'imprimes.
C'est tout petit un billet de journal du temps. Un post-it.
Je trouve le titre du livre qui se fait : Journal du temps.
Je me recouche, je me rendors, je me réveille. Entre-temps je rêve, mais je ne sais quoi.
Le jour progresse, le rosé imprègne le levant maintenant.
Les petits dos des mots se mettent en route comme un troupeau de brebis – sur leurs dos je vois les lettres M et A (les initiales de leurs anciens propriétaires) – ce sont lectures qu'hier on m'a généreusement conseillées.
J'écris phrase par phrase – je pense à mon maître (il faut bien se reconnaître des maîtres) Claude Simon : "Le plus difficile est de parvenir à écrire la seconde phrase, quand on a réussi à en écrire une". Les premiers martinets commencent à crier. Je perçois des tourterelles volant à l'appui de mon toit. Je vois les martinets tout noirs dans leur nage matinale, silencieux dans l'azur limpide. J'entends aussi les voitures et mille choses commencent à se faire dans le ciel et sur terre.
L'homme au sac intestinal, l'amie qui doit venir aujourd'hui et me parlera de tous ses maux, pendant que (en psychanalystes) nous laisserons nos inconscients s'entremêler et se livrer des batailles insondables, l'amie que je verrai après-demain, sur des pincettes, puisque le corps, très âgé, semble vouloir se défaire de son âme – ou l'inverse – en tous cas douloureusement sous l’œil de notre joie commune, lumineuse. Elle me dira des mots frais et enchanteurs, des mots intelligents comme il en vient aux enfants. Elle me permettra aussi de garder mon enfance. Journal du temps, au bout de mon crayon tu couds ensemble futur, passé et présent, tu es comme la dentelière de Vermeer, un filet écarlate enlumine ton tableau – dessine le chant du merle, le gloussement des tourterelles ; tout ce qui vit dans le vaste instant tu l'imprimes.
C'est tout petit un billet de journal du temps. Un post-it.
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