L'oiseau de la forêt loge en ville. À mon réveil, très tôt, je l'entends. Il fait encore nuit, je crois ; piqués-coulés de son chant, insistants, gracieux et provocants ; interrogateur ou séducteur, toujours luisant de beauté, pour un humain.
Plus tard un roucoulement de tourterelle. Le soleil n'est pas encore levé mais le ciel est déjà clair, brouillé de longs nuages gris, finement souligné de rose par endroits.
Les premiers véhicules sourdent sur le boulevard, le roucoulement tient le bourdon, intermittent, en-dessous, le souffle et le roulement du trafic vont gagner – musique sans grâce.
Le rideau maintenant tiré, la pièce accueille les couleurs du jour, gris, rosé, bleu. Le ciel se contraste au levant, dans des écharpes d'orangé, de blanc et de turquoise. Je devine une araignée qui tremble, quelque part, sur sa toile, de l'eau qui coule, des odeurs de musc, du duvet de nouveau-né, de faibles grouillements terreux de ce qu'on appelle la vermine, un beau nom d'autrefois.
Ma tête sur l'oreiller pense maintenant au chant du merle : patient. Quand le trafic des véhicules semble las et impatient, uniforme. Mais le chant du merle s'est tu. La tourterelle s'est tue.
L'orangé au levant se fait incandescent.
Plus tard, une corneille explose d'un seul grand cri.
Le soleil, impérieux, envahit tout.
Les ombres rosées, les éclats de lumière, les lissés gris-vert, l'architecture, le modeste mobilier, la plante verte, le bric-à-brac triomphent à l'intérieur – de quoi se lever !
Photographie : Gottfried Honegger
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