Le couple Je-Tu


 

 Ces nuits d'août, je dors sous les étoiles. Ce matin dans un bleu plein de lumière, de silence, un pigeon en vol, souple navire, s'apprête à accoster.
Je voudrais reprendre le "Je-Tu" de Martin Buber. Parce qu'il me paraît important. Le reprendre dans mon panier avec un morceau de ciel bleu insaisissable mais indélivrable aussi — de beauté, de présence. Les deux ensemble, donc : ce panier vide de ciel trop présent, ce couple Je-Tu en signe de son absence — puisqu'il n'a lieu qu'une fois, en toute substitution. Pourquoi tenter alors ce remplissage ?
Pour dire sa rareté... sa rareté dans la conscience, car inconsciemment il n'est pas rare ; ce geste substitue Tu au Je qui s'efface, qui disparaît dans le Tu. C'est la leçon de Martin Buber, on ne peut plus simple. Est-ce vraiment sans conséquences ? Pourquoi n'en parle-t-on pas ? Est-ce qu'on ne peut concevoir cette abolition du Je dans le Tu ? Pourtant c'est elle l'énergie de la création. Tout le reste (le mode Je-Cela) n'est que la matière, que Cela : Mort. Pourquoi ne pas le considérer comme tel ?
La vie n'est pas que création, elle est mort, à part égale. S'il n'en était pas ainsi, rien ne serait — tout aurait basculé dans le néant.
Pourquoi ne pas prendre conscience de ce qui est mort, de ce qui est vie ?
De la mort, pour moi, cet écrit. Pourtant il y eut une étincelle, ce désir de vous écrire.
D'autres étincelles s'allumeront-elles sur cette mort ?
C'est probable. 

Peinture de Luc Vigier, La Toscane, près d'Arezzo

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