Il y a le banc que tu as choisi (à l'ombre) et les passantes et passants, les oiseaux dans l'arbre que tu n'as pas choisis.
Et dans les mains le livre. Chacun de ses courts chapitres est comme le résultat d'un long polissage où il ne reste que l'essentiel de la forme, le récit ou simplement la mention de quelques événements qui témoignent de la progression de l'action. Et c'est cette forme polie, ce peu de mots qui finalement constituent, chapitre après chapitre comme un chemin empierré ou comme le lit d'un ruisseau, les vies du livre.
Je vais y boire, y marcher.
Cette émotion essentielle, qu'elle soit visible ou invisible, est lieu de rencontre, partage, substrat, terreau, écosystème que chacun sent et traduit à sa façon, dans son langage, avec son histoire.
C'est un homme relativement âgé maintenant, même s'il paraît jeune, que je suis devenu, sur ce banc, lisant à petites gorgées, à lentes palpations, les courts chapitres.
Quelqu'un écrivant, ou reprenant les notes écrites la nuit ou le jour. Dans ma cuisine un animal familier, creusant depuis un an ou deux une grosse tranche de chêne, interrompt son grignotage et sort à la lumière pour la première fois, Capricorne pleinement métamorphosé mais encore tout gris de sciure. Belle rencontre. Disparaître est ma vie, m'a-t-il dit en son langage lorsque j'eus le dos tourné.
Dessin de Matisse
Roman d'Aharon Appelfeld, Les partisans.
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