Les yeux des enfants

 

  Mauvaise langue ! Je la vois petite, drue, sortant rouge de la bouche d'un oiseau. C'est ce qu'il ne faut pas dire, mensonger, osé, poison. Petit poison !
Le rouge des boules rouges du houx, rouge grenat ou vermillon. Tout ce qui attire les yeux des enfants et qu'il faut s'empresser de cacher, d'interdire. Il faut enseigner la peur, la méfiance, et surtout la règle, au doigt et à l’œil. Le jeu du dressage de l'animal a vite ouvert la voie à l'idéal militaire.
Au bout de chaque piste que l'enfant rêve de prendre, la communauté a dressé un mur et il doit apprendre à l'escalader, le contourner, le fendre, s'il veut se sauver. C'est à la mesure de son échec que se consolide la communauté. A la mesure de l'enfouissement du rêve et du désir. Mais ces forces créatrices toujours resurgissent, et chacun de les tailler, les repousser, les contrarier, les pervertir, les contrôler sous la grande marche collective de la normalisation, où chacun trouve sa place, bonne ou mauvaise, en tête ou en queue, dans le courant central ou dans la marge. Tu es mon berger ô Seigneur ! Seigneur qui a connu des avatars multiples, dont le dernier, sous le règne duquel nous sommes répond à quelques appellations comme Dollar, Money, Trade.
Comment finir plus tristement ?
Les couleurs dans les buissons de houx, faute d'intérêt vont disparaître, comme les abeilles sauvages, les mésanges charbonnières, la source pure et le loup.
Les enfants de l'école (ici un ancien village proche de l'agglomération lyonnaise, aujourd'hui zone périurbaine entre l'aéroport international et le stade olympique de football) ont été conduits dans la proche campagne pour une visite de découverte de la ferme : on les a fait passer dans la bousculade devant des vitrines souvent trop hautes pour leurs yeux, où des maquettes de vaches et d'autres accessoires agricoles étaient exposées, ils se sont rangés autour d'une animatrice de la médiathèque venue présenter quelques livres sur le sujet. C'est tout. Ils ont repris le car.

Une peinture de Afro