Comprendre

 

  Revenons à nos moucherons, me dis-je ce matin : et si, tout simplement, ils se réchauffaient ! Dois-je entreprendre de compulser des données scientifiques pour savoir si des mesures de température ont été faites sur leurs petits corps... C'est peu probable que leur physiologie, leur éthologie soient l'objet de recherches avancées, à moins qu'elles représentent des intérêts stratégiques particuliers. N'aurais-je pas tout simplement dû croire à l'empathie de mon écriture qui voulait mettre au bout de mon crayon "s'écarquillent de joie" (mais c'était à propos du romarin !), peut-être aurais-je alors compris qu'ils se réchauffaient, qu'ils faisaient le plein d'énergie solaire, comme le persil, le romarin et comme moi-même le matin. Le "soleil d'hiver", trop simple pour faire un titre, pensai-je, était peut-être bien le sujet de la page. De quoi le crayon était-il vecteur, d'empathie, d'anthropocentrisme, plus simplement de mimétisme ? Ou bien libérait-il le mouvement du magma de l'inconscient, ce que venait me montrer la peinture de Thanos Tsingos, vivante jusqu'au cœur de ma nuit — Thanos Tsingos qui peignait les mains dans la pâte — ma nuit magiquement pleine et apaisante, et de laquelle je me réveille en voulant comprendre tout ça...

Peinture de Thanos Tsingos, 1956