A mon grand étonnement, je suis sorti aujourd'hui sans aucune préoccupation, comme si, pour une fois, je faisais partie du quotidien.
Du quotidien, ce n'est pas le pain qui me vient en première évidence. Non pas se nourrir. Se nourrir passe en second, après ce qui faisait figure de son "sens figuré", le symbolique, dirions-nous. C'est ce bourdonnement, ce vacarme. Le quotidien était un terme de presse. La pression médiatique pèse sur les cerveaux avant de porter sur les corps, même quand il s'agit d'aller gagner son pain. Ou ne fait-elle que silencier les corps ?
Pourquoi mes pas m'ont-ils conduit à la médiathèque — ce mot d'aujourd'hui — ? Je n'y étais pas retourné depuis au moins trois ans, c'est ce que m'apprend l'employée qui recherche trace de mon abonnement. Mais les gens qui animent et gèrent ce lieu sont tous plus ou moins des amis de longue date puisque nous faisons pâture commune de livres. Ceux que j'ouvre aujourd'hui me disent ce que je venais chercher, tout autant que les gens — affairés ou désœuvrés — que je croise en chemin, et même le jeune homme somnolent qui contrôle les pass sanitaires, ou le bulletin d'infos de la radio qu'en rentrant je viens d'allumer.
De ces grouillements de parlers en armes, de ces empilements de parlers classés et imprimés, surgit à mon oreille une évidence. Déchiré inaudible, ou modulé dans le plus mélodieux phrasé, c'est le cri d'un désir amoureux. Échappé du quotidien, affamé, contrarié, sous toutes les formes de la séduction. Et, parfois, la tendresse d'un John Berger.
Du quotidien, ce n'est pas le pain qui me vient en première évidence. Non pas se nourrir. Se nourrir passe en second, après ce qui faisait figure de son "sens figuré", le symbolique, dirions-nous. C'est ce bourdonnement, ce vacarme. Le quotidien était un terme de presse. La pression médiatique pèse sur les cerveaux avant de porter sur les corps, même quand il s'agit d'aller gagner son pain. Ou ne fait-elle que silencier les corps ?
Pourquoi mes pas m'ont-ils conduit à la médiathèque — ce mot d'aujourd'hui — ? Je n'y étais pas retourné depuis au moins trois ans, c'est ce que m'apprend l'employée qui recherche trace de mon abonnement. Mais les gens qui animent et gèrent ce lieu sont tous plus ou moins des amis de longue date puisque nous faisons pâture commune de livres. Ceux que j'ouvre aujourd'hui me disent ce que je venais chercher, tout autant que les gens — affairés ou désœuvrés — que je croise en chemin, et même le jeune homme somnolent qui contrôle les pass sanitaires, ou le bulletin d'infos de la radio qu'en rentrant je viens d'allumer.
De ces grouillements de parlers en armes, de ces empilements de parlers classés et imprimés, surgit à mon oreille une évidence. Déchiré inaudible, ou modulé dans le plus mélodieux phrasé, c'est le cri d'un désir amoureux. Échappé du quotidien, affamé, contrarié, sous toutes les formes de la séduction. Et, parfois, la tendresse d'un John Berger.
Photographie de Werner Bischof \ Magnum, illustrant la couverture du livre de John Berger, D'ici là.
Merci pour cette fenêtre ouverte sur une page de ton quotidien, qui entre dans mon quotidien de ce samedi matin, éclairé par ma fenêtre d’un dehors lumineux.
RépondreSupprimerBienvenue Sweg !
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