Les hirondelles sont passées me dire au revoir ce matin. Elles m'ont fait un ballet joyeux devant la fenêtre, au-dessus de la rue. Elles avaient déserté le quartier – la ville, je crois bien – depuis plusieurs semaines, parties sans doute à la campagne, toutes assez grandes pour quitter le nid. C'est une espèce de petites hirondelles – courtes, aux ailes delta, au ventre blanc – qui aiment aussi vivre en plus grandes compagnies et que j'ai vues encore il y a quelques années se réunir sur des fils électriques, quand elles en trouvaient dans des espaces un peu isolés, pour jouer à des grands jeux comme font les enfants, elles faisaient aussi de grandes promenades aériennes, au soir couchant.
Elles savent prendre le temps pour partager leur joie d'oiseaux lorsqu'elles arrivent, pour faire leurs messages de départ en fin de saison, comme ce matin. Leurs au-revoir étaient joyeux, et émouvants. Elles n'étaient pas revenues que pour moi – bien qu'il me semble être le seul, dans le quartier, à leur accorder attention – mais pour les toits, la rue, ce bout de ciel qui doit avoir ses couleurs, ses odeurs, ses ressources qu'elles connaissent, et pour leurs nids, sous les gouttières, qu'elles vont ressentir de près avant de partir. Peut-être une manière de repérage ou de connexion.
J'avais une petite inquiétude, il est rare qu'elles s'absentent aussi longtemps, comme elles l'ont fait cet été, et qu'elles soient si peu nombreuses – guère plus d'une dizaine, aujourd'hui. C'est une belle journée ensoleillée, l'été est encore là, chaud. Prennent-elles vraiment le départ ? Tout est plus incertain, sur terre et dans le ciel, maintenant. On ne sent plus les grandes lignes de force des quatre saisons, leurs rituels structurant, c'est le moins qu'on puisse dire. Les martinets sont restés, je crois, de mai à juillet. Ils cohabitent très bien avec elles, vu d'ici, mais qu'en est-il ? Ce sont surtout les automobiles qui font la loi. Bruits et gaz polluants. Mais j'ai toujours mes cultures d'herbes sauvages dans mes jardinières – sauvages et comestibles – qui sont comme l'écriture, une liberté de vivre, de s'affranchir des contraintes et de faire la voie au chant du monde – de résister.
Dessin-collage de Myra Coppey
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