Rêveusement


 


Il faut que le feu d'une étoile me brûle. Il faut que je sois un petit caillou dans l'univers. Là est ma pensée.

Dans les ruisseaux à se frotter, dans les torrents, dans les ponts, dans le fléau des balances et celui des moulins, comme au fond de l'océan, à la pointe du crayon, à la pointe de l'épée, là sont nos pensées. Jamais inutiles.

Sur ce pixel, dans cette fourmi qui court parce que je l'ai épargnée, sur celle que j'ai écrasée. Sur l'homme emprisonné, empoisonné, piétiné, sur la femme assassinée règnent les petits cailloux de nos pensées.
Rêveusement, sur la plage, je collectionne des petits cailloux, je ne peux m'en empêcher, ou de les caresser, des yeux, rêveusement.


Chaïm Soutine, Paysage du midi, 1922-23

Commentaires

  1. J'hésite... la citation est de Soutine ? Si les mots sont de vous, c'est encore plus merveilleux, parce qu'ils expriment étonnamment l'impulsion mystérieuse de la toile...

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    1. Oui, cette impulsion, le mot est très juste. Il dit aussi pourquoi je rapproche l'écriture de la danse contact-improvisation. Il y a contact, à l'origine, et à la sortie. Là, le tableau de Soutine est venu après, il n'était pas le point de départ, qui était dans la nuit étoilée, mais à l'arrivée le tableau s'est présenté depuis ma mémoire.

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