Avant le lever du jour, à l'heure bleue, les merles se réveillent et s'appellent. Premier concert du jour. L'énigme de leur chant. J'ouvre la fenêtre pour les entendre. Je ne les vois pas, je ne suis pas sûr de qui chante exactement, combien sont-ils, ces chants sont différents, rythmés et harmonisés. Il y a du rituel, du cérémonieux, de l'improvisation géniale.
Après ça silence jusqu'au rose de l'aurore.
J'ai retrouvé l'air des anniversaires d'autrefois, que ces quelques fleurs vous apportent le bonheur, que l'année entière vous soit douce et légère, j'essaie de le jouer avec un accompagnement.
Il est impossible de représenter la mort. Elle n'a pas de miroir. Elle n'a que la vie pour miroir. La vie est son miroir.
Quand l'homme est entré sur scène il a dit : je veux représenter la mort. Il n'y est pas parvenu. Il s'est allongé au sol il n'y avait que la vie.
Comme nous le dit Héraclite la vie et la mort sont des contraires. On ne peut concevoir l'un sans l'autre. Comme l'endroit et l'envers. Comme le quelque chose et le rien.
Même dans le sommeil je vis. J'ai fait beaucoup de choses en dormant, je pourrais vous les raconter, celles dont je me souviens. Je ne retiens que celle-ci, celle de l'homme qui s'est levé et qui a dit : j'étais dans un stage, je me suis levé et j'ai dit je veux représenter la mort. Allongé il représentait la mort mais la mort n'était pas là, la vie l'évoquait. La vie peut évoquer la mort. Peut convoquer la mort. Mais où la mort arrivera, la vie aura déserté. La vie désertera pour qu'advienne la mort, la mort désertera pour qu'advienne la vie. Cela est important : les choses de la vie ne peuvent se régler que dans la vie.
Victor Brauner, L'espace de l'esprit, huile sur toile, 1961
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