Sur le bras du fauteuil, le pantalon, enrubanné du slip — j'aurais pu vouloir dessiner ce turban brun aux liserés rouge et ocre, chiffonné comme la coiffe d'une odalisque endormie, la ceinture du pantalon en à-plats larges de deux pouces, courbes, retournés, contrastés, noirs et gris en langoureux enroulements, la matité du revers, la lumière posée, l'ombre lissée, la découpe en pétale sur l'ocre clair du fauteuil, la boucle scintillante, la noirceur de fusain aux arêtes effilées, l’œil d'un petit bouton rond, et les jambes qui pendent vides et nonchalantes — j'aurais essayé, peut-être, étant jeune, impatient d'art, avide de faire, de tailler dans le beau à peine aperçu, j'aurais fait sans doute une sorte de meurtre esthétique, sans savoir que le jour rend toute chose belle, la détend, l'anime, la laisse respirer, danser ou s'endormir, rêver et imaginer, comme sur le dos du fauteuil les autres vêtements délassés, tee-shirt, pull fin, gros pull de laine, et sur le mur le rai de soleil — lorsqu'en nous la détresse est trop grande, nous dit de faire un geste, difficile, vers le crayon.
Il fait fondre doucement la pierre qu'on a au corps.
Voir :
https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/international/l-apprentissage-du-service-et-de-la-servitude-par-les-domestiques-philippines
Sung-A Yoon
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