Dans le sommeil s'est recomposée la vie. C'est comme ça qu'il apprend qu'elle s'était décomposée. Maintenant que le sommeil s'en va, laissant cette impression douce de nid d'araignée, de chaleur tissée, brouillonne, qui ne peut résider qu'au berceau d'une vie. La vie peut donc se refaire ! Mais dans quoi était-il tout le long de ces jours, de ces semaines, de ces nuits qui ressemblaient aux jours, où l'on pouvait penser, imaginer, compter, construire, essayer de s'adapter aux routines, aux contraintes, aux adversités — où on regardait le temps défiler sans comprendre comment l'horloge pouvait revenir toujours sur les mêmes heures, le calendrier sur les mêmes dates, les années s'ajoutant, des morts se retranchant, nous laissant hébétés, agressifs, près d'achever la planète privée de ses beautés, vieillissant, la population humaine se bousculant, se dépréciant, se perdant, comme dans un renoncement inévitable.
Et maintenant la vie prouvait le contraire — une sorte de vie intime qui se logeait dans le corps sorti du sommeil. Avec une puissance confuse, murmurée, un parler des origines, imagé, bégayant de mythes, de savoirs et d'énigmes, quelque chose à déchiffrer qui naissait dans les étoiles.
photo r.t
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