C'est l'écriture qui était le but.
Il y avait — au moins phonétiquement — une révélation dans le mot même. Il contenait la clé de son propre mystère. Le terme, écriture,
fondait les deux parts qui le constituaient : la recherche et le but.
Le terme lui-même était une clé, un geste qui tournait le passé en
futur, un geste-outil, un participe passé écrit en accomplissement d' écriture — sa boucle féminine e muette qui préserve, ferme et ouvre à la fois, comme un œuf (que de complication orthographique pour parvenir à écrire en français, ce phénomène, ce cœur de vie !)
C'était
l'enjeu. Il écrivait pour cela. Ce nœud du sens — ouverture et
fermeture — une clé musicale sur la portée de ce qui se jouait...
C'est
cela qu'il dirait à l'auteur pour lui faire comprendre cette nuance si
insaisissable au discours théorique, pourquoi il acceptait la première
partie de son ouvrage (celle où le langage était maître du jeu, comme
chez Claude Simon par exemple, dirait-il encore peut-être, par souci
pédagogique) mais rejetait la seconde partie où le langage avait disparu
derrière un inconsistant fantôme de livres déjà morts.
Il voulait des livres qui ne meurent pas.
Le vagabond (suivre sur Mediapart)
Raoul Dufy, le concert orange,1948
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