Jounal Le Temps


Ni photographier ni écrire, ni parler, ni peindre ne peuvent refaire ce que fait le matin.
Le ciel frais, les sons nouveaux.
Aucun mot, aucun bleu, aucun cri d'oiseau, aucun souffle de vent pour remplacer ceux-là, les vrais nouveaux-nés du jour.
Mais tout de suite les cigales, les moteurs, les piaillements, les toits rouges, les martinets en voltiges, la navette scintillante d'un avion glissant dans l'air bleu, les façades explosant de lumière, les trois coups de trompe de l'oiseau inconnu, les mots, les images ont poussé l'espace déjà plein.
Il ne reste plus qu'à accepter la défaite, qu'à se taire et se savoir mortel, un parmi tous les autres, c'est-à-dire vivant. Le désir de dieu en poche, en réserve, qu'on sortira par jeu pour une photo, pour un texte... un fétiche, un souvenir.

J. Béraud, Promenade aux Champs-Elysées, détail illustrant Les contes du jour et de la nuit de Maupassant en GF-Flammarion

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