Journal


du journal de l'écrivain

Tu prends juste un petit carnet, même quelques feuilles pliées en quatre dans la poche, car tu n'as rien à dire, juste à sortir te dégourdir les jambes au soleil, casser la routine par quelque chose d'inutile, par une vacance, chasser l'ennui, provoquer la chance, remettre en question ta routine du matin – cache-misère d'une créativité aléatoire.
Alors tu es servi. Tu n'écris rien, tu marches et chaque instant est bourré de mille surprises énormes, la caisse de livres "servez-vous", les odeurs d'arbres, les personnes rencontrées plus pleines de vies et plus singulières que toi-même, dans leur démarche, dans leur temps perceptible. Tu entends crier des oiseaux sur un mode inconnu, le bleu déborde au ciel et la fille frisée transporte dans l'accent de sa voix, l'inclinaison de son visage vers celui du garçon qui ne s'en aperçoit pas, son sautillement pour fuir l'ombre et danser dans le soleil, un maquis de vies. L'horreur d'une poubelle fondue, les grues dégingandées, le vert jaune acide d'un sapin au-dessus d'un trottoir. En dix minutes hors de chez toi dans ce matin précoce il y a trop, trop pour ton carnet, trop même pour une vie.

Commentaires

  1. J'apprécie beaucoup ce bouquet de perceptions dans ce bouquet de mots avec le jeu subtil de la lumière dans la création de Thami. Merci.

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