journal de personne
Le chant de nuit est grouillant comme un marais, ce sont grenouilles et crapauds qui parlent en-dessous de ma gorge.
Quand j'ai voulu porter au jour leur musique, elle s'est disloquée et éteinte. Et c'est elle que j'ai gardée dans mon sac une partie de la journée jusqu'à ce que la vague du jour me submerge, emporte mes dernières réticences dans sa victoire éclatante, sans même avoir combattu ou plutôt sans que je n'aie rien su du combat de géants qu'il mène avec la nuit depuis toujours et sous mes pieds et sur ma tête, et dans le minuscule ovale, passage obligé, du chas d'aiguille que je suis.
Je sais que je retrouverai une grenouille dans un marais où elle est réfugiée dans l'ombre et prête à plonger sans jamais être saisie, pas même du regard. Un grenouille proliférante des enfants de la nuit et du jour.
Le soleil coule sur ma nuque à présent dans un soir orange et bleu, le fruit offert de l'univers...
Nobody
nobody, personne aujourd'hui.
Mark Rothko, untitled, 1959
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