Journal


du journal de l'écrivain

Toutes ces heures de tourment, tous ces pas. À charrier les mots de la nuit, et les questions du jour.
Pour venir se mettre en face de l'évidence, dans la chaleur d'un jardin public, la brise douce qui caresse la peau et anime les branches mais parfois brusquement se renforce et fait craindre d'être emporté si le vent se déchaînait.
L'ombre et le soleil jouent, le vent chante. Et l'évidence : ces arbres ici, ces autres plus loin et nous, l'herbe, nous sommes là ensemble dans ce moment de la terre. Avec le ciel et les nuages. Même en pleine ville, cernés de rues, de constructions – les humains ont seulement décidé de ceux de arbres qui pousseraient ici, là et comment tout ordonner. Un pigeon se promène à mon pied. L'évidence est dite en peu de mots... et tous les autres ont perdu leur vie fantoche, leur force – ceux de la nuit et ceux du jour, ceux de la poche, du cahier, ceux de la tête. L'évidence se contente de peu de parole, d'un regard, de la lumière, du souffle. Elle est l'immensité. Le vent se renforce en rafales inquiétantes, on  marche, on roule en voiture, enfants joyeux, roucoulades d'oiseaux, les visites du rouge-queue sur la balustrade, son petit saut presque à mes pieds pour que j'admire son plumage tacheté, un merle, à son tour, discrètement sur un autre piquet, me regarde – le monde peut se remplir de mots maintenant.

photo r.t

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