du journal cosmique
Pendant que le thé infuse, je vais à la fenêtre de l'est. Y prendrai-je le petit-déjeuner au soleil, sur la table basse... ou resterai-je à la cuisine, fenêtre ouest ? Je revois le soleil d'hier soir, un triomphe après l'écriture, un incendie de gloire où je baignais paupières fermées, vers quoi j'avais avancé en écrivant dans l'inconfort de l'ombre et des nuages, dans un sac plein de vies, jusqu'à cette survenue, ce bain maternel et cosmique dans la beauté solaire, dans le plein des couleurs. Maintenant j'étais à nouveau face à lui, fenêtre est, où il se magnifiait rapidement, chauffant déjà puissamment à travers la fenêtre que j'ouvrirai. Maintenant il se lève de ce côté, je le retrouve – croyait-on, mais non ! puisque maintenant je le comprends, je le sais, depuis hier soir il n'a pas fait tout ce parcours pour se retrouver là, ce n'est pas à lui de naviguer interminablement d'un côté à l'autre pour nous rendre visite, faire plaisir à chacun, côté chambre et côté jardin... Non, nous nous sommes retournés pour réapparaître face à lui, chaque jour nous faisons notre révolution devant lui, nous nous retournons pour qu'il nous chauffe bien de tous côtés et nous éclaire tandis que nous cherchons à voir, à comprendre, à apprendre, chaque jour renouvelé, jusqu'à l'heure de la fatigue – ou de l'apothéose.
Ces quelques pas que je fais de la cuisine à la chambre tandis qu'infuse le thé, quelques pas pour retrouver le soleil et qui figurent le temps d'une révolution, quelques pas un instant de lumière que je tente d'étaler sur mon papier comme sur une tartine en déposant bien les mots, les phrases pour qu'elles tiennent et qu'elles disent l'instant, l'instantané de la conscience. Pourquoi ce nez-à-nez des mots au papier, cet étalement de la conscience pendant que les oiseaux chantent, que le temps fuit ?
Ces quelques pas que je fais de la cuisine à la chambre tandis qu'infuse le thé, quelques pas pour retrouver le soleil et qui figurent le temps d'une révolution, quelques pas un instant de lumière que je tente d'étaler sur mon papier comme sur une tartine en déposant bien les mots, les phrases pour qu'elles tiennent et qu'elles disent l'instant, l'instantané de la conscience. Pourquoi ce nez-à-nez des mots au papier, cet étalement de la conscience pendant que les oiseaux chantent, que le temps fuit ?
Ne puis-je autrement, simplement en respirant, en prenant dans mes bras un être aimé dans le soleil, ou en humant le thé, me mettre en accord avec... en accord dans..., m'accorder, être musique ? L'adolescent que j'étais l'écrivais et je l'écris encore "être musique" tant d'années après. Tant de papiers incendiés, de feu aimé – à distance d'eau.
Gottfried Honegger photographié à l'occasion d'une de ses expositions
Chercher le soleil...je me rappelle ce cri d'Arthur Rimbaud qui se savait condamné et écrivait à sa sœur : je serai sous la terre et toi tu marcheras dans le soleil. Toi tu te tournes, retournes vars le soleil en quête de la vie dans un accord, un accord/danse, un à corps (prendre un être aimé entre ses bras), désir qui te fera musique et se fera écriture, ici, dans ce beau texte avec la bienveillance de Gottfried Honneger
RépondreSupprimerQuelle intime lecture !
SupprimerCrois- tu qu'il pourrait y en avoir d'autre? Écrire ce qu'il en est d'une lecture me paraît toujours de l'ordre du plus intime. Belle soirée.
Supprimermerci !
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