Le retour des martinets


du journal d'un oiseau

C'est comme un déversement ou un éboulement et il faut que je monte par-dessus. Ce ne sont pas seulement les mots de la nuit mais aussi ceux de la veille et de l'avant-veille. J'en ai déjà franchi plusieurs montagnes depuis le soir. Le tas se reconstitue différemment, l'histoire s'avère plus complexe et plus vaste à chaque fois. Je grimpe facilement le tas parce qu'il est parfaitement structuré : je l'ai élaboré dans mon sommeil ou dans ma demi-veille avec tous les obstacles, toutes les incompréhensions, toutes les embûches de mon parcours. Je comprends sur quoi ils reposent, comment tout cela tient ensemble et que ça ne représente rien de valable pour moi. C'est ainsi que de ce gros tas j'atteins le faîte et que je vois l'horizon dégagé devant moi. Je ne vais pas m'attarder là-dessus ce serait malsain. Comme le monde est beau devant mes yeux fermés face à la lumière solaire qui peint ses coulées orange et bleues, ses dômes et ses îlots où viennent chanter les oiseaux. J'ai tant attendu ce moment, sans le savoir, j'ai tant fait face tout droit à la traversée de la mer, au survol des terres et me voilà, au jardin des nues, au havre de toits rouges et d'arbres feuillés, ivre de printemps.

Abigail Stern Obi 2, 2013: Oil stick on raw linen on slate (12x12 inches)

Commentaires

  1. Sur l'image, la bande blanche est une trouvaille dans l’ambiguïté. Est-elle rideau qui (dé)voile et/ou ouverture au monde des martinets, dans cette ivresse aux yeux clos, traversés de soleil et couleurs rougeoyantes, une ivresse qui se déploie au terme de l'écriture et la déborde.

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    1. C'est bien une histoire de dévoilement !
      Et le tableau raconte à sa manière de superpositions une confrontation des espaces et des temps (craie grasse sur toile de lin naturelle, le tout sur ardoise)

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