Le pouvoir de l'écriture


Ces mots, lus dans Marcel Conche, m'évoquent mon étonnement lorsque, à l'âge où je découvrais naïvement et sans doute tardivement l'aspect "comptable" (prémices à celui "économique") du monde où nous vivions. Alors que, depuis le plus loin que je me souvienne (mon père lisant le journal), j'étais sensible à la lecture et à l'écriture. J'avais été stupéfait donc, plus tard, lorsque mon père avait prononcé ces mots : c'est un jeu d'écritures, qui signifiaient : un tour de passe-passe avec les chiffres. Stupéfait et dépassé.
Marcel Conche dans Présence de la nature :

« L'on se trouve ici bientôt devant de problèmes inextricables. Il semble, en effet, que l'infinité dans le temps – du côté de l'avant et du côté de l'après –, aussi bien que l'infinité dans l'espace – qu'il s'agisse de l'infiniment grand ou de l'infiniment petit –, que ces deux infinités, dis-je, supposent l'infinité du nombre : ou bien l'on ajoute indéfiniment – jour à jour, année à année, année-lumière à année-lumière –, ou l'on divise indéfiniment. Or, qu'en est-il de l'infinité du nombre ? Est-ce une notion claire ? Si la série des nombres entiers est infinie, la série des nombres pairs l'est aussi. Pourtant, elle est égale à la moitié de l'autre. Un infini est le double d'un autre. "Pourquoi non ?, disait Descartes. Quid absurdi ?" Le double ? Pourquoi pas le centuple ? Et pourquoi un infini ne serait-il pas infiniment plus grand qu'un autre ? Pourquoi n'y aurait-il pas une série d'infinis, dont chacun serait infiniment plus grand que le précédent dans la série . Cela peut se dire, peut s'écrire. Mais cela peut-il se concevoir ? N'y a-t-il pas, par le simple jeu, le simple pouvoir de l'écriture, un outrepassement de la pensée ? »

Photo r.t

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