du journal de la folie
Allons en Erasmus à cheval sur un taureau blanc. Voyage Voyage. Extinction Rebellion. On ne va pas se laisser encroûter dans les vieilles marmites qui nous mijotent l'Enfer.
Mais c'est un enlèvement ! Peut-être. Mystère de Zeus et d'Eros. Mystère Mystère.
On peut toujours être emporté par Erasmus. Je lis, dans une préface à l'Éloge de la Folie, "On peut dire que ce petit livre a débordé de partout les intentions et les espérances de son auteur. Ce fut, sans qu'il y eût songé, le brûlot de la Renaissance qui mit le feu à de vieilles flottes où couraient les rats, et invita des générations plus libres aux navigations nouvelles."
"Érasme, chef incontesté des esprits de la Renaissance dans les pays du Nord," – dit encore Pierre de Nohlac, son traducteur du latin pour l'édition GF – "devrait nous attirer plus souvent. L'Éloge fameux n'est pas son chef-d’œuvre ; l'auteur ne l'a jamais tenu pour tel et le succès de cette fantaisie l'étonna lui-même. [...] Cette bagatelle, cependant, eut une diffusion immense. Ce passe-temps de lettré en voyage (car ce n'était pas autre chose) remua les foules"...
Érasme : " Ces jours derniers, voyageant d'Italie en Angleterre et devant rester tout ce temps à cheval, je n'avais nulle envie de le perdre en ces banals bavardages où les Muses n'ont point de part."
Ainsi commence-t-il sa dédicace "à son cher Thomas Morus".
"Après un séjour de près de trois ans en Italie (août 1506 - juin 1509), Érasme, sur les instances de ses amis d'Angleterre, s'était décidé à retourner en Grande-Bretagne, où Henri VIII, qui aimait beaucoup l'humaniste, venait de monter sur le trône de ses ancêtres ; par Bologne, la Suisse et le Rhin, il avait gagné Anvers, où il s'était embarqué pour Londres. Chemin faisant, et la mémoire encore fraîche de tout ce qu'il avait vu des sottises humaines, il avait conçu l'idée de l'Éloge de la Folie, qu'arrivé chez Thomas Morus il rédigea ensuite en une semaine, environ le mois d'août 1509." (note de l'édition GF)
Si tous les étudiants aujourd'hui connaissent le nom d'Erasmus, tous ou presque ne l'ont pas lu. Et moi-même – comme on peut être bête quand on a dix-huit ans – il y a bien longtemps, quand je l'avais au programme, j'avais fait semblant de le lire ! Maintenant je n'en lève le nez que pour exploser de rire !
Et j'avoue qu'on est bien en ce temps-là, avec de la terre sous les pieds, le cheval pas loin, le poulain petit danseur frais levé sur ses pattes que j'aperçois dans le champ près de sa mère.
"Retourner en arrière" c'est l'expression que j'entends, censée discréditer l'écologie, mais voilà, j'entends aussi le rire du fou qui se propage de bête en plante sur toute la surface de la planète...
Félix Vallotton, L'enlèvement d'Europe
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