Au soleil tu es plus près de l'essentiel. Déjà tu déplies ton corps après l'hiver. Tu passes plus de temps à la fenêtre ouverte. Tu allèges le petit-déjeuner, tu laisses l'énergie rentrer par la peau, par les mouvements de danse – la chaleur, le bien-être. Les idées affluent, tu serais déjà au travail, si tu avais encore cette expérience – les années t'en ont libéré.
Au soleil tu es plus près de l'essentiel. Les sensations sont énormes.
Je ne veux plus m'attarder sur les idées venues, apparues, presque tonitruantes dans le ciel de la pensée, faisant leur révolution pour disparaître à nouveau, comme dans le vent solaire. Disant finalement la guerre et la politique sont leur inévitable et réciproque continuation.
Au soleil tu as vu nos deux attitudes possibles : la prédation ou le partage. En sentant à travers la peau de ton crâne, sur ton visage, passer l'énergie du soleil, à l'instar des plantes, de leurs feuilles déployées dans le soleil de mars – car tu ne peux pas vivre, même en ville, sans les plantes à ta fenêtre – sentant que, tous, nous nourrissons de cette seule énergie, partageable.
Partageable ne veut pas dire gratuit. Rien n'est gratuit. Tout appartient à l'autre.
J'aimais mettre ma tête dans l'herbe, enfant, pour sentir l'essentiel – une sorte de monstrueux essentiel, proche du sang. Je savais déjà que les hommes, les animaux, les plantes, le partageaient.
Et le partage n'est que la continuation de la prédation, par d'autres moyens. Car toujours s'inventent d'autres moyens.
Monet, Impression soleil levant, détail
En écho, ce poème de Gérard Noiret " Gulliver", lu du même pas que votre "soleil matin "...
RépondreSupprimer"Les insectes taillaient à même la lumière...
Irrésolu, un cerf-volant brillait.
Debout sur le promontoire, ils ont admiré
le golfe inséparable du ciel, les bergeries
et les jardins en étages.
Soudain une poigne a surgi
d'entre les crêtes, avec l'intention d'émietter le soleil...
L'alerte passée, la joue dans l'herbe,
à suivre un papillon,
ils ont vu l'enfant minuscule
qui les prenait, lui, pour des montagnes."
Elle est pas belle la prédation !
Amitiés
Voici donc une histoire qui s'ouvre comme par magie !
SupprimerMerci, j'y entre aussitôt, tête la première !