L'être personne

de Usebic à Rina.

Tu me dis qu'ils te prennent ton carnet de notes et ton stylo à l'entrée de la fête sous contrôle.
Tout ce que j'ai envie de te dire c'est : Rentre chez toi. Et copie mille fois la Provinciale de Pascal sur la violence et la vérité. Rentre chez toi et copie mille fois le discours de La Boétie sur la servitude volontaire. Rentre chez toi, tu comprendras que ce n'est pas une fête, là où tu croyais aller. C'est une défaite. Une défaite de la pensée, une défaite de la liberté, une défaite de tous les acquis de nos semblables depuis la nuit des temps, en passant par les philosophes et la révolution française.
Tu veux aller voir des gens qui se réjouissent malgré cette défaite et cette soumission. Tu te laisses dépouiller de ton carnet de notes et de ton stylo, qui sont le prolongement de ta pensée et de ta respiration. Ils ne te prendront pas ton téléphone portable dans lequel tout est leur produit, tout leur revient et leur appartient, tout est leur miroir, rien n'est de ton libre dialogue avec toi-même. C'est pourquoi je dis qu'ils t'ont dépouillée.
Pour eux tu n'existes pas, tu n'as pas à exister. Tu es une étrangère. Ton papier, ton stylo, ce sont des dangers étrangers. Peut-être des armes par destination qui peuvent mettre le feu ou envoyer une pique.
Ils te contrôlent à l'entrée de leur monopole de la violence. Sur ce terrain-là rien ne peut exister qu'une violence plus faible à soumettre ou éliminer. Mais qui sont-ils ? Tes semblables ou tes dissemblables ? ou personne ?

Photo Anne Rochelle

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