du journal de la rivière
Une barbotine un peu jaune, un thé au lait, sur quoi le soleil s'écrase. Mol après-midi. Ne pas mettre ces couleurs au catalogue, puisqu'il n'y a plus de catalogue. Toute cette pléthore descriptive rangée maintenant dans ses bons tiroirs, c'est-à-dire dans ses courants, entre ses nappes, ses niveaux, ses haut-le-cœur, les remontées de son estomac et dans ses tripes. Il n'y a plus lieu d'être jaloux de l'eau, comme on le fut aussi des arbres, à vouloir dire leurs couleurs, leurs méandres, l'aquarelle de leurs écorces, la transparence des feuilles. Finalement, à défaut de pouvoir être un arbre, une rivière, d'être leur enfant, leur progéniture, leur amant, leur guerrier, on reste radicalement autre, l'inconnu, le personne, le nobody. Tout simplement parce que le langage ne pourra jamais créer rien ni personne, que du vent. Alors je me tais. Je vais me contenter de parler pour taire. Pour vider toute velléité de vérité. C'est cela aujourd'hui. Que chaque jour permette une musique.
Et de temps en temps le concert ! Le concert avec les autres ! Alors là, quelle découverte !
Bram van Velde, Séparation, 1981, Lithographie 62,6 x 71,9 cm
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