C'est un livre. Je ne l'ouvre pas encore. Il est beau d'apparence. Dans la main aussi, un bon format, un bon poids, une certaine souplesse, un toucher lisse, presque tiède, comme je les aime, sobre de présentation, un dessin d'artiste véritablement intégré à la couverture, couleur qui exerce une fascination de pigment naturel, excellent titre.
Je l'ai acheté dans le désir, irrésistible, à la suite de deux lignes que j'en avais lues, relevées par quelqu'un(*) qui les avait appréciées — elles concernaient "la lecture" et rencontraient tout à fait ma propre expérience de lecteur.
Mon amour du livre va et vient, il peut passer d'une quasi adoration à un dégoût. Car, bien sûr, ce que j'aime c'est autre chose que l'objet, c'est ce qu'il "incarne", ce qu'il incorpore ou, plus exactement, matérialise. La plupart du temps je n'aime pas les bibliothèques, ni les livres qui traînent, leur papier vieilli, leur odeur de poussière, de champignon, de moisissure.
Le livre que j'ai aimé peut vieillir, j'abandonne volontiers sa dépouille, après que je l'aie lu et relu, fréquenté tout mon soûl, qu'il ait fait son assomption, son ascension au monde des esprits, je sais qu'il se réincarne et se réincarnera à l'envi. Ce livre-là, arrivé beau et frais dans mes mains, m'envahit le corps et le cœur de cette chaleur amie que seul un livre peut vous procurer.
Puis la chose étonnante arriva. Le miracle. Le goût se renversa quand je trouvai finalement (après maints inutiles feuilletages du livre) dans la note de référence de la citation que j'avais sauvegardée, le n° de la page où elle se trouvait dans le livre. Et je tombai alors sur un petit chapitre isolé, totalement merveilleux, et qui à lui seul, venait de sauver le livre !
(*) Hue Lanlan
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